Les personnes qui me veulent du mal disent que je ne suis qu’une sacré garce, manipulatrice, mais toujours souriante. J’aime fréquenter les carrés VIP des boîtes de nuit les plus huppées et les fêtes de la jet-set, toujours la mieux habillées et hypnotisant le public par mes pas de danse ou mes serpents bougeant au rythme de la musique, ça à le don d’en hypnotiser certain. Dans mon travail je garde toujours mon sang-froid (vous l’avez ?) jamais stressé ou anxieuse, quand on est le clou du défilé de la nouvelle collection révolutionnaire de Versace on apprend à surpasser son trac. Mes relations intime ? Officiellement en fille de bonne famille traditionnelle italienne, j’attends le mariage, officieusement… Ça ne vous regarde pas et malgré les rumeurs que fait circuler ma famille, non Takashi et moi ne sommes que de très bons amis. Depuis ma mutation j’ai pu faire le tris entre, mes vrais amis et les autres, les premiers font quasiment partie de ma famille pour la plupart, même s’ils ne sont pas au courant de mes activités « annexes » et les seconds… J’ai tout fait pour les détruire socialement et professionnellement.

Les gens disent de moi que j’ai l’air hautaine, orgueilleuse voir arrogante, moi ce que je dis c’est que je suis fière et sûr de moi, ce n’est pas ma faute si malgré ma mutation je reste une femme aux formes attirantes et à la démarche élégante et assurée. Je me déplace toujours comme si j’étais en plein défilé, j’aime attirer tous les regards sur moi, que ce soit les curieux à cause de mon teint, de mes cheveux, ou les connaisseurs qui envient mes tenues estampiller par les plus grandes maisons de haute couture italiennes, Versace, Armani, Dolce & Gabanna, Gucci et Prada, pour ne citer quelles, sans oublier de les associer à des bijoux venant de bijouterie luxueuse. On dit aussi que j’aime me pavaner, c’est vrai, mais qui ne le ferait pas en étant toujours plus belle que tous ces plébéiens et béotiens en ayant des couleuvres à la place d’une belle chevelure brune. Ma carrière dans le mannequinât tiens bien entendus en partie de la chance, mais aussi de la génétique, mon mètre soixante-dix-neuf et ma carrure svelte a fait de moi une parfaite candidate pour le milieu de la mode. Le stéréotype de l’italien qui gesticule en parlant est à peine exagérer, on se sent obligé de bouger les mains en parlant pour exprimer précisément nos idées, nos émotions. Ma voix est claire, éclatante, toujours avec l’accent de mon île de naissance et une tendance à rallonger les « s » depuis ma mutation. La nouvelle coloration de mes yeux m’oblige à porter des lunettes de soleil quand je suis en extérieur en journée.

Petit cours d’histoire familiale pour commencer. La famille Nucci, il y a quatre générations de cela, mon arrière grand-père Fernando Nucci, avec ses frères et des amis, a créé ce qui est devenu le clan Nucci, nouvelle bande du crime organisé de Syracuse. Au début ce n’était que du racket et de la revente de cocaina, puis ils se sont lancés dans le proxénétisme, ils ont pris de l’ampleur dans la ville. Des guerres se déclenchent avec d’autres groupes mafieux, mais le Don était un malin et il a toujours réussi à faire grandir le clan, absorbant ses adversaires ou les rayant du tableau. Finalement, le clan Nucci est devenu une puissante mafia d’Italie qui avait des connexions dans toute la Méditerranée, en France, au Maroc, en Turquie et même dans les Balkans. Après Fernando c’est Nonno qui est devenu le Don et papi il avait des envies internationales, pour ça il a cherché dans les autres mafias, la Bratva ? Des barbares, les Triades ? Aucun honneur, les Cartels ? Manque de discrétion, ne rester que le pays du soleil levant et les yakuzas. Il prit contact avec le chef du clan Kobayashi, il lui proposa une alliance, non mieux, une fusion, après des réunions, des faces-à-faces et de longues délibérations, les deux chefs de clans ratifièrent leur alliance dans le sang et chaque nouveau chef devrait en faire de même. Aujourd’hui le Don est mon oncle et son consigliere et mon père, les deux familles prospèrent dans le crime international et partagent tout, se retrouvant régulièrement pour de grandes fêtes.

Maintenant que vous avez une idée précise du milieu parlons des vrais sujets qui importes vraiment et vous intéresses, MOI. Francesca Nucci, fille de Giuseppe et Natalina, sœur Cadette de Martino et ne pas oublier la benjamine, Aurora. La naissance de ma sœur causera malheureusement la mort de ma mère, je n’avais que quatre ans et aujourd’hui il m’est difficile de me souvenir d’elle. D’après tous nos proches qui l’ont connu c’était la plus magnifique des femmes de Sicile, douce et aimante et ma sœur et moi aurions, semble-t-il, hérité de cette beauté. J’étais une enfant populaire, mon nom de famille n’y était sûrement pas étranger, mon physique attiré aussi bon nombre de prétendant que mon grand frère se faisait un plaisir de corriger à coup de poing. Il a toujours été bon avec nous, on le surnommait « Le Muet », il ne s’exprimait que rarement, mais toujours avec sagesse, grâce à cela il a atteint le grade de Caporegime. Il s’était amouraché d’une cousine du clan Kobayashi, Harue, malheureusement le jour de leur noce une Triade chinoise avait décidé de régler ses comptes et lança un assaut pendant la cérémonie, les cibles : nos deux tourtereaux. Aujourd’hui cette triade n’est qu’un lointain souvenir et un exemple fait aux autres familles criminels qu’il ne faut pas s’attaquer à l’alliance Kobanucci.
Je me suis rapidement liée d’amitié avec l’un des fils du chef de clan Kobayashi, on avait le même âge et vivions dans le même milieu. Il est rare pour fille de mafieux d’avoir quelqu’un d’extérieur à qui on peut parler des affaires de la famille sans faire peur ou être jugé. Takashi-san est encore aujourd’hui la personne que je considère la plus proche de moi sans être un natif de Sicile, un ami, un confident et aussi un cousin malgré le souvenir que cela me rappelle.

J’ai toujours été curieuse des affaires de la famille, allant écouter aux portes pendant les réunions, faisant tournée en bourrique notre bambinaia, à force mon père m’a inscrit à des cours de danses et de théâtres. J’y ai appris l’équilibre, la mise en valeur de sa personne, la prestance, tout ça m’a été d’une grande utilité, gagnant le concours de beauté de miss Sicilia junior à l’âge de 16 ans, à la suite de quoi des contrats de mannequinât commencèrent à arriver, après ça je devint en 2042 la représentante de l’île au concours national de miss Italia en 2042. Devinez un peu qui a gagné ? Évidemment que c’est moi ! Comment cela aurait pus se passer autrement. Après mon couronnement je suis devenu une top-modèle et l’égérie de grande maison de haute couture italienne, on soutient la production locale, voyageant à travers le monde pour défiler dans les plus belles villes, Paris, Monaco, Tokyo, Sydney, New-York, Rome, Venise, Rio. Mon nouveau statut de star international à grandement facilité des marchés avec le clan, je pouvais facilement transporter drogues ou armes dans mes bagages sans me faire contrôler, ma popularité, ma beauté ou simplement un pot-de-vin me permettant d’éviter les portiques de sécurité des aéroports.

Je vous vois venir, vous pensez que je ne suis qu’une cruche sans cervelle qui a tout arrêté pour vivre son rêve dans le monde de la mode. C’est en partie vrai, mais pas assez pour que je vous laisse insulter mon intelligence, bande de béotiens, de front avec ma carrière de top-modèle, j’ai suivi le cursus et obtenus un diplôme en communication et relation publique internationale, le fait de gérer moi-même mon image dans les médias et sur les réseaux m’a beaucoup appris dans le domaine également. J’ai certes du repasser des matières et même une année complète par manque de temps pour mes révisions lors de la sortie d’une collection printemps.

Belle, intelligente, une famille riche, une vie sociale épanouie, j’étais un diamant sans défaut. Mes amis me lécher les bottes jusqu’à en user le cuir juste pour me voir sourire, j’étais une reine de beauté enviée et j’aimais ça. Tout ça c’est arrêté au cours de l’année de mes vingt-quatre ans, je me  réveillais dans ma suite du Hilton de New-York et dans le miroir de la salle de bain j’eus une vision d’horreur. Ma peau avait pris une teinte verte, mes canines supérieurs étaient devenus des crocs, des yeux rouges à l’iris verticale, le bout de ma langue c’était séparé en deux et enfin mes cheveux… Ma crinière brune qui m’a permis de devenir l’image d’une grande marque de soins capillaires c’était transformé en serpent… Des putains de serpents sur mon crâne ! Qui bougent et tout… Je suis restée enfermer dans cette chambre pendant trois ou quatre semaines, refusant les appels face-cam et annulant tous mes interviews. Je fais à présent partis de ce pourcentage de la population mondiale ayant subi des mutations étranges… Une super. Une gorgone ! Moi la top-modèle italienne à la beauté sans égale était devenu une putain de gorgone ! Ironique n’est-ce pas ? C’est pas finis, vous savez qu’elle est l’emblème de la Sicile… Une gorgone… Si si aller vérifier si vous ne me croyez pas bande d’ignare.
Une fois le choc passé, deux ou trois jours j’en sais plus, j’ai commencé à tester des choses, je pouvais contrôler les mouvements des serpents, ou bien les laisser vivre leurs vies, je n’avais pas besoin de les nourrir ils piochaient dans les réserves de ce que je mangeais. J’ai fait quelque recherche sur internet, il semblerait que ce sont des mambas vert, un serpent africain au venin particulièrement dangereux, pouvant tuer un homme en trente minutes. Contrairement à des serpents classiques eux n’ont pas le sang froid et ont un métabolisme de mammifère. J’ai plus tard découvert que le venin de mes serpents n’était en aucun cas mortelle, ne pouvant dans le meilleur des cas que causer un coma de trente minutes environs et sinon des nausées et des vertiges. Complètement perdus dans ma chambre d’hôtel j’ai appelé la personne la plus proche en qui j’avais une total confiance et qui, je le pensais, ne fuirait pas en voyant la nouvelle moi. Takashi-san, on avait grandi ensemble, il était officiellement mon cousin par alliance, mais il était pour moi un de mes amis les plus proches. Il trouvera les mots, il saura me remonter le moral me suis-je dit en le sélectionnant dans mon répertoire téléphonique. Il est arrivé à peine une heure après que je l’ai appelé, évidemment il fut surpris, choqué même, mais qui ne l’aurait pas été en voyant une personne qu’on connait depuis l’enfance profondément changé physiquement. Une fois la gêne et ce long moment de silence à m’observer et écouter mes serpent siffler, il sortit sans un mot une bouteille de mon Chianti préféré et me servit un verre avant de s’installer à mes côtés.

- Comment te sens-tu Fran’s ?

- Monsstrueusse ? Hideusse ? Choissis ton adjectif qualifiant la laideur préférer ! Ssciocco… Pardon Koba, je voulais pas dire ça…

- Tu sais que c’est faux. Tu peux être verte, tes cheveux peuvent être des serpents, mais ça ne te définit, tu restes et tu seras toujours Francesca Nucci. Les autres peuvent te voir différemment à cause de ces changements, mais qui sont-ils pour dénigrer une membre du clan Nucci. Et je sais que ce n’est pas ça qui va t’arrêter.

- Mais… Le mannequinat ? Les tabloïds ? Mes fans ? Sça va faire un sscandale… Ma famiglia ! Papà… Nonna ! Oh, dio…

- Les fans, les journalistes, tu peux tous les ignorer, tu n’as pas besoin d’eux ou de leur approbation. La seule opinion qui importe est la tienne. Et ceux qui tiennent vraiment à toi, comme ta famille ou comme moi, ils t’accepteront tel que tu es.

- Mersci Koba. Mais il me faut un nouveau travail maintenant.

- Et bien, tu sais, le Kobayashi Group aurait sûrement besoin de la meilleure directrice des relations publiques qu’il n’ait jamais eu ! New Heaven est un refuge pour les supers ce qui facilitera sûrement la transition. Et si jamais quelqu’un ose exprimer un avis négatif, je ferai en sorte que ça soit la dernière fois qu’il ait eu l’opportunité de dire quoique ce soit. De plus, le Don ne peut qu’être ravis que ce soit toi qui gère les opérations de ta famille à New heaven.

J’ai appelé ma famille après un deuxième verre de vin, mon père et mon oncle étaient d’accord avec Takashi, voyant l’opportunité de favoriser nos opérations dans la région et de consolider notre alliance, en espérant un mariage entre moi et le chef du clan Kobayashi. Ça fait maintenant quatre ans que je suis à New-Heaven en tant que directrice des relations publiques et de la communication du Kobayashi group, gérant les opérations de la famille Nucci sur le territoire de la cité-état.