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Entrainement nocturne | Benedict

Diya Messaoudi
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Diya Messaoudi
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Entrainement nocturne
Benedict St Clair & Diya Messaoudi


Diya n’avait pas trainé. Le jour du rendez-vous finalement arrivé, l’adolescent avait quitté les cours avec cette espèce d’étrange pétillement au cœur. Il y avait des choses qui se bousculaient, comme il était aisé d’imaginer, au sein de l’esprit d’une jeune personne. Il n’était pas resté bien longtemps à la maison, juste le temps de se changer, de se faire rapidement un truc à manger. Diya avait informé June qu’il passerait la soirée chez un copain, pas besoin d’attendre l’avis de sa mère qui rentrerait tard – comme souvent –, c’est ce qu’il affirmait. De toute manière, c’était loin d’être la première fois que l’adolescent faisait les choses par lui-même, décidait de son emploi du temps. Il avait prouvé à de nombreuses occasions qu’il savait se gérer et même se défendre en cas de problème.

Un détail plus qu’important puisqu’il se rendait, en réalité, dans l’un des quartiers les moins surveillés de New Heaven. Comme si cela l’inquiétait, lui, un aspirant Super. Et puis, le garçon savait être discret malgré sa peau toute de bleu colorée, l’obscurité de la nuit se plaçait en sa faveur. Un débardeur sous un sweat gris sombre dont la capuche avait été rabattu sur sa tête, un large short noir lui arrivait au-dessus du genou, l’un des vêtements les plus pratiques pour ses pattes félines, sans oublier les chaussons spéciaux pour couvrir ses appendices griffus et un sac à l’épaule, Diya était arrivé, sans surprise, en avance sur le lieu de leur rendez-vous. Il s’agissait d’un skatepark, bien qu’il se trouvait à l’endroit le plus délabré – ancien, sûrement – de ce dernier, complètement vide étant donné l’heure. Tant mieux. Il avait déposé son sac à dos près de lui pendant qu’il s’appuyait contre une barre de métal, patient mais alerte. Sa queue effleurait le sol poussiéreux dans un lent mouvement souple, à force de le fréquenter, Diya était capable de reconnaitre celui qu’il attendait au son de sa démarche, à son odeur. Celui envers qui l’adolescent portait la plus grande confiance.

L’assistant s’était trouvé là au bon moment, quand le garçon en avait besoin. Il avait eu les bons mots, la patience et le jeune Messaoudi avait fini par lui confier ses troubles. Son trouble. Ce problème. Sa nature bestiale qui prenait de l’ampleur chaque jour qui passait lui pesait de plus en plus, heureusement, Benedict lui avait proposé des solutions bien plus efficaces que la méditation que Diya s’appliquait à pratiquer.
Se défouler. A l’écart.
En sécurité.
Non, Diya ne pouvait laisser personne découvrir qu’il manquait de contrôle et risquait de blesser quelqu’un. Pas lui. Pas le fils d’Aquaria. Ce serait terrible.
Il ne voulait pas que ça recommence comme quand son don s’est révélé. Ainsi, ressentait-il une sorte de plaisir coupable à l’idée de pouvoir se libérer. Une fine sensation de franchir les limites aussi, comme s’il allait faire quelque chose d’interdit. C’était excitant, aux yeux d’un adolescent, même pour celui qui rêvait d’héroïsme.

Le charme du secret.






Benedict St Clair
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Benedict St Clair & Diya Messaoudi



La journée fut rude.

Bien loin de moi l’idée de dire que les choses furent hors de contrôle ou quoi que ce soit, mais clairement rien ne s’était passé durant cette journée. Les mêmes élèves étaient passés à mon bureau, avec les mêmes questions stupides et leurs têtes de premiers de la classe ou de clichés punk de film d’action –eux au moins assumaient leurs penchants pour la destruction… Une journée rude ou il fallut faire comme si je n’étais rien d’autre que ce bon voisin de Benedict, ce parfait petit être souriant et timide qui se complait dans le fait de regarder les autres agir et qui ne fait rien. Misérables insectes.  La bile m’était grimpée le long de l’œsophage à plusieurs reprises, mais j’avais tenu bon. Peut-être avais-je laissé filtrer un froncement de narine, mais j’avais gardé toute ma posture. Une expression, au final, n’est rien d’autre qu’une composition florale : On y dépose un sourire, agrémenté d’un nez finement déployé sur lequel on pique deux bourgeons à demi-ouvert derrière les lunettes et on arrange le tout pour qu’une émotion le traverse. Rien de bien sorcier.

Mais la journée fut rude.

Et toute la journée, j’ai pensé à ce moment. Que ce soit avec les élèves ; en parlant à mes employeurs –légaux ou non- ou en rédigeant mes dossiers ; je n’avais pensé qu’à ça du soir au matin : Je devais voir Diya. Ce jeune garçon aux talents si prometteurs, ce gallaird au duvet bleu si doux, aux chevilles félines et à la posture toute fauve. Je l’ai remarqué dès le premier jour de son arrivée ici, difficile d’en faire autrement. Avec son teint de bleuet, il ne passait pas inaperçut. Mais sa volonté de rester discret, humble malgré son ascendance m’eurent tôt fait de faucher mon pauvre cœur. C’est ce jour là, dans les couloirs de l’école, que j’ai su que je voulais qu’il soit miens. Que j’ai su que je voulais qu’il m’appartienne corps et âme. Comme si mon existence en dépendait, c’était devenu une véritable question de vie ou de mort. Je ne pouvais ne serait-ce qu’imaginer une seconde ma vie terminer sans jamais l’avoir eu à mes côtés. C’est dans cet état d’esprit que j’ai entrepris de me rapprocher de lui.

Ce fut plus facile que je ne le pensais.

Les heures s’égrènent et je sais ; je sais que je serais en retard et qu’il va m’attendre. Je le sais parce que j’ai retardé mon départ d’assez longtemps pour m’en assurer. Mon jogging gris clair bien en place, mes baskets blanches lacées avec soin : j’ai attendu devant la porte en fixant l’heure pour m’assurer un peu plus de cinq minutes de retard. De quoi me donner des airs indifférent aux yeux de l’adolescent sans pour autant qu’il doute de mon implication : un adulte à ce point appliqué semblerait suspect. Mais dans tous les cas, me voilà dans la rue à marcher sur le pavé usé de la zone délabrée de la ville. Des écouteurs dans les oreilles à écouter quelques notes de Vivaldi tout en travaillant. Ce n’est pas si difficile de travailler n’importe quand, pour tout dire. Il suffit d’un téléphone et d’être habitué à passer par ce procéder, le plus souvent, puis il suffit d’écrire très vite et de pouvoir réagir à la seconde pour donner des instructions le plus rapidement possible. Sans oublier de regarder, de temps à autre, là ou l’on met les pieds pour éviter quelques poteaux vicieux qui voudraient m’assommer.

Finalement, j’approche.

Le garçon est là, il m’attend. Mon cœur vacille un instant et manque un battement, ou plutôt il bat soudain plus fort comme s’il voulait le rejoindre plus vite que mon corps n’est capable. Je le regarde, lui si beau, lui si doux. Je le dévore du regard, l’observe en silence. En silence parce que je ne peux pas former de mots encore. Mais finalement je soupire un grand coup en rangeant mon téléphone.   « Hé, Diya. Pardon pour le retard, j’espère que tu ne m’as pas attendu trop longtemps. » Un sourire doux, mesuré, qui plisse le bord de mes yeux. Je veux qu’il sente combien il me rend chaleureux. Je veux qu’il se sente important. Il est important. J’agite la main sans le toucher ni même essayer de le toucher et avance en lui faisant signe de me suivre. Nous traversons le skatepark tranquillement, sans se presser, alors que la lumière n’est assurée que par quelques lampadaires. « J’espère que tu n’as pas trop mangé, ou que tu as pris le temps de digérer ? » Je ne voudrais pas qu’il vomisse en s’entrainant. Ce serait terrible. Finalement je pousse une porte grillagée, bardée de prospectus et d’affiches déchirées. Derrière se dressent des machines de musculation usées, des trampolines et surtout des sacs de frappes.

« Tu as déjà fais de la boxe, Diya ? »

Je voudrais dire son nom tout le temps. Je voudrais parler de lui en tout temps. Je voudrais toujours être près de lui. Et si ça déplait à Dieu, je le ferais regarder ailleurs pendant que je serrerais fort Diya contre moi.







Diya Messaoudi
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Diya Messaoudi
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A-t-on déjà dit à quel point Diya s’était habitué à l’odeur de la présence de l’adulte ? Ainsi l’aura-t-il entendu, l’aura-t-il senti avant même qu’il s’approche plus près. Néanmoins, le garçon ne bougeait pas tout de suite, il ne voulait pas avoir l’air de surveiller son arrivée, ç’aurait été probablement oppressant. Comme s’il attendait ça impatiemment – c’était le cas – mais, son calme lui imposait de restreindre l’enfant pressé en lui. De cette manière, Blue Beast attendit plusieurs longues secondes, avant de redresser en tirant sa capuche sur sa nuque. Benedict s’exprima enfin et l’adolescent se tourna vers lui avec un sourire, en levant une main : « Bonsoir monsieur. » Ses crocs ressortaient un peu malgré lui « Non non, vous en faites pas, ça va. » C’était faux, ou plutôt, c’était faux mais Diya n’avait pas la sensation d’avoir attendu si longtemps. L’envie l’emportait sur l’impatience, pour quelque chose qui valait la peine d’en guetter l’arrivée.

Promptement, il récupéra son sac en le calant sur son épaule et se mit à suivre l’assistant social. C’était-il déjà demandé si l’homme réservait ce genre de traitement à d’autres élèves ? Pas vraiment avant aujourd’hui, enfin, Diya retardait ce questionnement le plus possible. Benedict semblait dédié à son travail, le genre d’adulte dont il ressentait la sincère envie de l’aider, ce devait être professionnel. Malgré une fine alarme de conscience que le jeune s’évertuait à faire taire. Au fond, il savait qu’il n’était pas uniquement question de son travail. Et pourtant, le garçon tendait le bout de ses doigts l’air prêt à saisir le moindre sentiment réconfortant qu’il percevait. C’était sa faiblesse, en recherche avide d’affection, de reconnaissance. Et c’était ce qu’il discernait quand il croisait le regard de Benedict. Quelque part, Diya se prenait à désirer être un cas particulier, que les inquiétudes de l’assistant social soient plus prononcés à son encontre qu’envers quiconque.

Cette pensée mue d’un sentiment égoïste le rassurait.

« J’ai fait ce qu’il faut monsieur. » Avec un nouveau sourire, pas si grand mais, plus étiré qu’à l’ordinaire. Ce genre d’attention le touchait, et il avait répondu comme pour dire que Benedict n’avait pas à s’embêter pour ça. Il se sentait heureux.

Requinqué d’une nouvelle force, Diya passa la porte d’acier tressé et observa les lieux vers lesquels l’adulte l’entrainait. Les quelques lumières passaient difficilement, pour le peu que ce quartier l’était, entre l’espace étroit des bâtiments délabrés mais ce n’était pas un problème, plus encore, c’était mieux pour ses yeux. Au moins, là, le garçon n’avait pas à porter des lunettes pour y adapter sa vue. C’était pratique que tous ces articles soient encore ici, et puis, vu leur état, Diya ne craindrait pas d’y mettre de la force. A la question, il hocha la tête à l’affirmative : « J’en fais oui, dans les cours de combats rapprochés. » C’était un sport qui allait bien à son pouvoir, même s’il avait un peu trop tendance à concentrer ses coups avec ses pattes. C’était la partie de lui qui était la plus forte, après tout. « On commence par ça ? » ça lui avait échappé, l’impatience, merde. Il déposa son sac, au sein duquel se trouvait son téléphone éteint, et se pencha pour retirer ses chaussons. Diya se sentait mieux quand ses coussinets touchaient le sol, pour son équilibre, un meilleur contrôle de ses mouvements, même si sa queue faisait le gros du travail. Le garçon avait mis du temps, à l’époque, à apprendre à se déplacer correctement perché sur ces pattes bien plus grandes et imposantes que ses jambes humaines. A présent, cela lui venait naturellement, comment placer le haut de son corps, la cambrure de ses reins, la bonne manière de replier ses pattes.
Et il espérait que la maitrise de son instinct animal viendrait comme le reste.






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« J’ai fais ce qu’il faut monsieur. » Quelle douceur dans sa voix, quelle volupté dans ses sens, quel plaisir dans cette simple phrase. J’ai envie de tapoter le sommet de ton crâne, de te congratuler comme le bon garçon que tu es. J’ai envie de frétiller de tout mon être. Tu es si mignon, Diya.

Penché en avant, un genou au sol, je farfouille lentement dans mon sac à dos noir pour en tirer une corde à sauter d’une couleur discutable –pour ne pas dire fluo. D’un geste lent, je tends le bras vers toi pour que tu les prennes. « Chaque chose en son temps, d’abord il faut s’échauffer. » Faisant de la boxe depuis plusieurs années pour m’entretenir et m’assurer de ne pas laisser mon corps tomber en lambeau à trop m’occuper de mon esprit, j’avais eu tout le loisir de recevoir des conseils de plusieurs types de coachs que je serais libre d’appliquer ou de faire appliquer à ma guise.

J’avais déjà été blessé à plusieurs reprises par le passé, loin d’être difficile à imaginer pour un sport aussi intense. Et pas besoin de se prendre une droite d’un adversaire pour parler soudainement japonais. Un simple claquage à cause d’un échauffement trop minime et la douleur sera tout aussi intense voir davantage. Je ne veux pas ça pour toi, mon petit Diya. Je veux t’aider à te canaliser, c’est ça l’important.

« L’important c’est de sauter assez haut pour que la corde passe sous tes pieds, mais pas trop haut pour t’assurer de pouvoir sauter à nouveau très vite. Une question de rythme à prendre, de vitesse d’exécution et de réflexe.  Je me doute que tu as déjà fais ça, mais là je vais te demander d’aller progressivement de plus en plus vite. »

Augmenter la difficulté progressivement, c’est une bonne manière de te donner envie de faire de ton mieux en sachant que l’erreur viendra forcément. Et connaissant ton tempérament, ce n’est pas une petite chute qui te fera lâcher prise. C’est aussi ça que j’aime chez toi, précieux Diya : Ton incapacité à lâcher ce que tu as mordu. Cet instinct animal délectable, ce pur instinct qui te guide parfois au-delà même de toute raison. Parce que la raison n’est, après tout, qu’un construct humain. Une terrible invention qui force les gens à se cloitre dans des placards en mangeant trois fois rien et en croyant que ça, c’est la vie. Être raisonnable n’a rien de bien humain. Soyez déraisonnables. Soyez insensés. Soyez libres.








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Au moins, l’obscurité ne venait pas du temps, mais de la manière dont l’endroit été isolé. Ils ne seraient pas surpris par la pluie lors de cet entrainement. La tête finement penchée sur le côté pendant que Diya l’observe fouiller dans son sac suivit d’un signe appréciatif, l’adolescent acquiesçait aux paroles de l’adulte. Enseignement et conseils soigneux, il buvait ses mots, l’air attentif. Sans rien dire de prime abord, Blue Beast s’empara de la corde à sauter. Ça, c’était un exercice qu’il connaissait. Cependant, il finit par émettre une remarque qui amusait sa pensée :

« Généralement, on me demande de sauter haut, plutôt que vite. » Histoire de faire travailler son impulsion, de dépasser ses limites. Il s’agissait de l’un de ses points forts, cette mobilité supérieure à la moyenne humaine. Il était alors normal que ses professeurs insistent sur le développement de cette capacité. « Mais je ne vous décevrai pas monsieur St Clair. » Ponctué de ce fin accent d’anglophone trainant sur une lettre r bien plus adoucie qu’à l’ordinaire. Un succin frottement de nez de son poing fermé et Diya se retrouvait à sourire de plus belle. Etait-ce lui ou il souriait plus aisément en la présence de l’assistant social ?

Il tenait fermement les poignées dans ses mains et, après quelques balancements de sa queue au niveau du sol ainsi que d’une prise de position efficace pour l’activité, l’équilibre plus assuré, Diya commença à faire tourner la corde. Le poignet souple, son corps réagissait instinctivement, connaissant l’exercice, pliant et détendant finement ses jambes mais surtout, ses talons félins. Le poids de son corps n’était pas réparti de la même façon que lorsqu’il gardait forme humaine et ce pouvait être quelque peu étrange à observer quand on n’y était point habitué. Tout d’abord, s’habituer à préserver un certain rythme, une hauteur correcte et ensuite, progressivement, l’adolescent accéléra la cadence de ses tours. Il ne disait plus rien, ne souriait plus, concentré sur la tâche. A un moment, il se sentit ralentir à cause d’un bond plus haut que les autres. Merde. Il fallait qu’il maitrise sa lancée. Souffle millimétré. Mouvement précis. Diya n’aimait pas se sentir fauter. Alors, les sourcils finement froncés, il tentait de reprendre une vitesse correcte.

La corde qui heurta l’une de ses pattes le stoppa définitivement. L’adolescent fit légèrement claquer sa langue contre son palais, de mécontentement, pendant que ses crocs ressortaient, et il n’attendit pas pour reprendre ce qu’il faisait. Effectivement, Blue Beast n’était pas du genre à s’arrêter sur un échec, bien que ce fut frustrant. Au contraire, cela l’encourageait à se dépasser, à faire mieux, toujours mieux.
Et, quelque part, ne cherchait-il pas à rendre Benedict fier de lui. Désir futile, pourtant irrépressible.
Le second round lui permit de s’améliorer. Moins de ralentissements ou de bonds maladroits, il était cependant encore loin de la sueur des rudes entrainements. Cela ne faisait que commencer, le reste viendrait ensuite.







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Frisson.  Je tire un chronomètre de la poche de la poche de mon survêtement et l’enclenche dès que je te vois commencer à faire tourner la corde. Je veux savoir combien de temps tu vas tenir, ou si c’est moi qui vais devoir te dire que ça suffit. Je veux savoir si tu veux te battre contre toi-même, je veux savoir si tu m’écoutes, je veux savoir si tu m’obéis. Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant que tu ne fais presque pas de bruit, mis à part le frottement des vêtements et l’air fouettée par la corde. Penser à la manière qu’on tes coussinets d’amortir la chute, réduire le bruit, permettre de chasser plus efficacement, de tuer de manière discrète et de pouvoir passer à la proie suivante. Le chronomètre continue de mesurer le temps qui s’égrène, ma patience solide qui fixe avec attention tes cuisses et tes pattes qui quittent et reprennent appuie sur le sol.

Tu t’arrêtes, agacé, puis reprends.

J’ai vu la corde heurter tes tibias et j’ai retenu un sourire en dodelinant, voyant bien que tu n’avais pas prévu de t’arrêter en si bon chemin. Je n’ai pas arrêté le chronomètre. J’attends, je guette, j’observe. Doucement ma voix s’élève à nouveau. « C’est un échauffement, pas besoin de te pousser à bout. Si ça chauffe, c’est que tu es sur la bonne voie. » La phrase est dites avec un ton précieux, sans doute un peu inquiet. Je n’ai pas vraiment maitrisé au mieux sa formulation, mais l’intention n’était pas loin. C’était même mieux que ce qu’essayais d’induire dans mes mots. Une inquiétude plus qu’un ordre, une recommandation plus qu’une injonction. Je veux voir jusqu’où tu vas aller, Diya. Je veux voir quelles montagnes tu serais prêt à franchir juste parce que je ne t’ai pas dis de t’arrêter.

Pas encore.

Pas déjà.


Déjà six minutes que je te regarde faire, quatre depuis que tu as recommencé. Tu n’as pas l’air de vouloir ralentir ni sentir la moindre fatigue. Mais tu vas trop vite, et je le vois. Je sais que bientôt tu vas perdre le rythme. Je sais que très vite tes mains vont dépasser tes jambes. Et je sais pertinemment pourquoi : parce que tu essayes de faire ce que je t’ai demandé sans réfléchir à tes propres capacités. Et je ne peux pas m’empêcher de sourire. Et j’attends, j’attends que tu échoues.  Voilà, déjà tu trépignes dès lors que tu te prends les jambes dans la corde. Je dodeline en agitant la main « Tes mains vont trop vite par rapport à ce que tes jambes font. Va progressivement en fonction de tes capacités, pas de ce que tu voudrais obtenir. C’est en poussant doucement tes capacités que tu pourras les améliorer et réussir ce que tu entreprends actuellement. Laisse ton corps s’habituer. »  Je m’accroupis à nouveau, laissant le chronomètre pendouiller à mon poignet pour attraper une bouteille d’eau et la lui tendre. Cette fois j’ai mis pause.







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Même s’il n’y avait pas besoin de se pousser à bout, c’était irrévocable. Gourmand de victoire et de réussite, Diya s’esquintait à aller plus loin, faire mieux et ce, nonobstant les limites physiques de son corps. Les blessures n’étaient pas rares pour le jeune qui réfutait l’appel de ses propres besoins, ne prenant le repos que lorsqu’il s’en trouvait obligé. Assurément, il était conscient que ce n’était pas bien, peu raisonnable mais, il s’agissait d’un souffle lointain qui le tentait à la manière de mauvais démons. C’était pire en présence de Benedict seulement, le garçon ne le savait pas encore, ni à quel point cette tendance évoluait au fur et à mesure de leurs entrainements privés. Pire d’un désir, un besoin de faire honneur aux instructions de l’assistant social. Il voulait lui montrer qu’il pouvait le faire, comme il pouvait s’améliorer et si, pour cela, il devait finir par s’écrouler d’épuisement ce ne serait qu’un maigre prix à payer contre cette étincelle providentielle que Diya était persuadé d’observer parfois dans le regard de l’adulte, pendant que ce dernier le regardait.

Puis l’erreur. Encore. Les pattes qui heurtent la corde, ou l’inverse et le garçon sentait la frustration le prendre de nouveau. Depuis combien de temps sautait-il ? Benedict avait le décompte. Il n’eut cependant pas l’occasion de reprendre l’exercice puisque Benedict lui pointa son erreur. La vitesse de ses mains, c’était donc de là que venait le problème. Hochant la tête, les sourcils finement froncés, il observa les poignées de plastique entre ses paumes. Il avait sous-estimé le poids du bas de son corps, plus lourd qu’il ne le ressentait. Le bleu se mordit la lèvre inférieure, la faisant lentement rouler sous l’un de ses crocs, pensif. Le temps, c’était bien quelque chose que Diya ne voulait pas prendre, un défaut qu’il tentait de rectifier et il inspira profondément, se rappelant de faire le vide, comme lors de ses méditations. Cela allait à l’encontre de son instinct mais il savait que c’était nécessaire pour préserver son contrôle.

Un battement de cil plus tard et Diya réalisait qu’il se trouvait là à regarder Benedict, qui s’était penché pour attraper et lui tendre de l’eau, sans réellement le voir. « Ah. » un instant d’égarement, il glissa les poignées dans l’une de ses mains pour pouvoir capturer la bouteille de l’autre « Merci. » Ouvrant promptement l’objet pour boire quelques gorgées, le goulot à quelques centimètres de ses lèvres pour ne pas y heurter ses crocs, le tenant un peu au-dessus de lui, Blue Beast ressenti seulement maintenant comme son rythme cardiaque s’était accéléré à cause de l’exercice, comme son souffle se trouvait sensiblement plus court, pour autant, il était loin d’être épuisé.
C’était drôle, parce que depuis le temps qu’ils se voyaient ainsi de temps en temps, hors des murs de l’Université, Diya n’avait jamais remis en doute l’enseignement de l’adulte. Cependant, ce dernier était loin d’avoir l’air d’un sportif, ou du moins, d’en pratiquer plus que ça. Alors, d’où lui venait ce savoir particulier ? De la connaissance de l’adolescent, St Clair n’était pas un héros. Plus encore, il ignorait s’il possédait même un pouvoir. Sa présence au sein d’une école pullulant d’aspirants aux dons parfois incontrôlables lui laissait supposer que oui mais, il n’avait jamais osé lui poser la question de vive-voix. Peut-être parce que sa conscience lui soufflait que c’était intime, que si Benedict avait voulu le lui faire savoir, il en aurait abordé le sujet de lui-même.

Néanmoins, cela n’empêchait pas à Diya de se poser des questions, sans savoir s’il s’agissait des bonnes ou non.


« … Pourquoi est-ce que vous avez voulu devenir assistant social ? »

La question avait filé toute seule avant qu’il ne s’en rende compte. L’adolescent écarquilla légèrement les yeux en s’empourprant. Merde. Lui qui ne voulait pas pénétrer dans l’intimité de l’homme qui se montrait si généreux et patient envers lui. « Ex…cusez-moi monsieur. » Il frotta brièvement ses lèvres mouillées avec son poignet, après avoir refermé la bouteille. L’eau fraiche lui avait fait du bien. « Aller moins vite par rapport à mes sauts, c’est noté. » et il lui retendit l’objet « Vous voulez que j’essaye à nouveau ? » Qu’il fasse un meilleur temps, ou bien, pour lui montrer qu’il avait compris. Par politesse, il avait essayé de revenir sur la raison de leur rendez-vous : l’entrainement. Blue Beast avait tant envie de bien faire, sa queue battant l’air avec détermination bien que sensiblement baissée, une fine crainte d’avoir mis l’adulte mal à l’aise.







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Il assimile, il acquiesce et s’exécute. Telle obédience ne peut que renforcer ma foi en ce garçon. Ma foi de le voir un jour baigner dans la lumière de la raison, dans la bénédiction de la sauvagerie, épousant sa véritable nature. Peut-être pourrait-il être l’exemple offert au monde de ma doctrine, témoin majeur d’une fidélité libératrice, preuve qu’adopter cette moralité factice et détestable ne mène plus à rien. Cette idée me plait, mon cœur s’emballe doucement alors que le chronomètre est toujours à l’arrêt et que le jeune bleu boit doucement. « … Pourquoi est-ce que vous avez voulu devenir assistant social ? » La question sonne à mes oreilles et je réfléchis un temps, fronçant les sourcils.  Evidemment j’ai déjà réfléchis à quoi répondre à tout un chacun, cette phrase typique d’une gentil garçon timide que je suis supposé être en public. Mais Diya est différent, Diya peut comprendre les choses. Diya a bien plus de sensibilité que d’autres imbéciles boursouflés d’ingratitude et de complexe d’infériorité crasseux. Diya semble s’emballer, réfléchir à toute vitesse comment dévier la conversation. Mais ce n’est qu’une preuve de plus qu’il reste franc et véritable avec moi, ne réfléchissant pas d’avantage à ce qu’il fait ou ce qu’il doit penser. Il est et c’est tout.

Je soupire, souffle un rire avant de finalement commencer à répondre : « A d’autres, j’aurais juste dit que je voulais aider. Mais la vérité est plus profonde, il n’y a pas que ça. Je veux guider les plus jeunes, certes, mais je veux surtout les comprendre et qu’ils m’apprennent aussi ce qu’ils savent. Savoir des choses sur eux, savoir comment ils évoluent, réfléchir avec eux et non pas pour eux pour les amener vers un avenir brillant. Je pense que c’est ça le point central de mon travail. »  Je le regarde avec douceur dans son agitation, dodelinant doucement en agitant la main. « Tu n’as pas à t’en faire. Demande-moi ce que tu veux. Je suis là pour toi, alors autant que tu sois toi-même avec moi. » J’essaye de me montrer rassurant, souriant davantage sans vraiment le feindre cette fois-ci. Un sourire un peu tordu, un peu mélancolique. Un sourire sombre qui ne monte pas jusqu’aux yeux. Un sourire un peu maladroit mais pas moins sincère. Comme si je découvrais à cet instant précis comment sourire. Le temps que je m’en aperçoive, celui-ci avait déjà disparut.

« D’ailleurs, en parlant d’être soi-même : tu as pu parler avec tes parents du fait que tu voulais avoir ton propre appartement ? De ce que tu semblais me dire, tu es déjà passablement indépendant. Je crois que mademoiselle Lovecraft a demandé un rendez-vous en fin de semaine, c’est à propos de ça ? » La question coule de mes lèvres sans vraiment que j’y réfléchisse, je parle plus pour entretenir la conversation que dans un but précis. Je veux simplement que les mots filent comme si de rien, qu’il se vide l’esprit et baisse ses barrières pour se confier à moi sans même s’en rendre compte. La douceur de se confier à quelqu’un qui écoutes véritablement, pas comme les autres, quelqu’un qui est véritablement et entièrement attentif.








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