Le vent frais de la fin d’après-midi faisait voler les cheveux noirs de la belle, assise sur un banc de parc. Toutes sortes d’odeurs venaient avec ce vent. Des odeurs de la ville, des odeurs plus nauséabondes que d’autres et des odeurs qui venaient aussi du feu dans la poubelle en métal qui se retrouvait proche d’elle. Les yeux dorés fixés sur les flammes qui dansaient dans ce bidon d’essence vide, la jeune femme eu un petit rire en pensant à quel point un truc comme ça, c’était ironique.

On pouvait entendre, pas loin, des enfants jouer. C’était un coin moins dangereux, il fallait dire. Les enfants pouvaient jouer sans avoir trop peur de se faire attaquer par n’importe qui. De toutes façons, les mères n’étaient pas loin. Des civils ? Des Supers ? Aucune manière de savoir, de loin. Sauf… Sauf quand c’était aussi évident, comme elle.

Assise sur le banc, les genoux contre sa poitrine, Rosie essayait de mettre en place toutes les idées qu’elle avait en tête. Quitter les supers criminels pour essayer d’aller dans une voie plus juste, plus honnête. Mais ou ? Ou est-ce qu’elle pouvait aller ? Ce n’était pas comme si la jeune femme avait une tonne d’argent mis de coté pour des cas comme ça… Déjà qu’elle ne se faisait payer qu’en cash, c’était dur de savoir combien de temps elle pouvait vivre avant de se retrouver à la rue, encore…

Vêtue de sa veste rose, d’un simple jeans noir et de ses chaussures noires, Rosie avait décidée de sortir prendre l’air pour l’aider à penser. Adélaïde, Fiona… Ces deux jeunes femmes qu’elle avait rencontrées la même journée. Elles semblaient tellement prêtes à l’aider, elle, mais pourquoi ? Pourquoi… Elle ne les connaissait même pas. C’est à peine si Rosie répondait aux messages d’Adélaïde, lorsqu’elle lui parlait. Et quand elle le faisait, c’était des messages très courts et monosyllabiques. Elle se sentait comme un boulet. Un boulet qui ne faisait que ralentir les autres. Rosemarie s’était dit qu’elle devait aller mieux, oui, qu’elle avait besoin d’aide. Mais accepter cette aide… C’était plus facile à dire qu’à faire.

Un soupire sortit des lèvres de la dealeuse, cachées sous son masque sur sa bouche. Un long soupire de fatigue, d’exaspération et de désespoir. Qu’est-ce qu’elle était sensée faire ? Elle devait prendre une décision, mais… Savoir laquelle était la bonne, ça n’aurait pas pu être ça, son pouvoir ? Au lieu d’avoir une mâchoire terrifiante, ça aurait déjà été plus utile. Là, elle ne faisait que se faire socialement exclure, jeter des roches ou dépenser des fortunes en brosses à dents. C’est fragile, ces petits trucs-là.

Le vent souffla encore et la mutée ferma les yeux, se laissant bercer par celui-ci. Le son des enfants qui jouaient semblait si lointain, si réconfortant. Des sons qu’elle avait entendus souvent, lors de son enfance. Même si elle participait rarement aux jeux des enfants, Rosie restait plus ou moins proche et les regardait, les écoutait. Toute seule, dans l’ombre….

Alors d’une manière un peu masochiste, ce moment lui rappelait son enfance, lorsque tout était beaucoup plus ‘’simple’’. Lorsqu’elle n’avait pas à vivre seule, lorsqu’elle n’avait pas à se demander si elle allait vivre une autre journée, quand elle n’avait pas à avoir toutes ces pensées dépressives.
La vie d’adulte c’est pas super facile.

Les yeux toujours fermés, la belle aux cheveux de nuit se laissait toujours emporter par les bruits des enfants qui jouaient, le vent pas trop froid et le bruit des feuilles dans les arbres. Pour une fois, elle pouvait prendre quelques secondes à elle, sans être anxieuse, sans avoir le gout de finir sa vie. C’était des moments paisibles comme ceux-là qui lui permettaient de continuer. Des moments comme ceux-là qui lui disaient que ça valait la peine de vivre.

Puis, les enfants devinrent un peu plus excités, ce qui sortie la brune de ses pensées. Ses paupières s’ouvrirent, révélant ses deux yeux à la couleur dorée et aux pupilles verticales, comme un chat. Son regard se tourna vers la petite accumulation qui s’était attroupée autour d’un homme plus vieux. Mais ce que celui-ci fit, Rosie n’en cru pas ses yeux.

Il lançait des roches dans les airs, puis, lesdites roches se transformaient en… Pâtisseries. Extrêmement confuse, la jeune femme cligna des yeux plusieurs fois, frottant ceux-ci, aussi, mais rien ne changea à la réalité de la situation loufoque à laquelle elle était témoin. Transformer des roches en brioches… Est-ce que c’était ça, son pouvoir ?.......

La confusion de la chose se transforma en une sorte de jalousie étrange envers l’homme plus âgé qu’elle, habillé presque comme un cowboy moderne étrange. Son pouvoir à elle, c’était de détruire des choses avec cette mâchoire monstrueuse. Lui ? Transformer des roches en brioches ? Si elle pouvait échanger son pouvoir, elle le ferait en un rien de temps. Et lorsqu’elle aperçu l’homme se diriger dans sa direction, Rosemarie retourna son regard droit devant elle, refermant les yeux. Est-ce qu’il avait remarqué qu’elle les regardait ? Est-ce qu’il venait lui dire que ce n’était pas bien d’espionner les autres ? Elle ne savait pas si elle était prête pour un autre qui lui criait dessus…

Mais, même avec ses pensées anxieuses, rien de tout ça ne se passa. L’homme au chapeau ne fit que s’assoir de l’autre coté du banc, puis, sa voix résonna dans le silence du parc. Les enfants, partis plus loin manger leurs…. Brioches. Le ventre de la jeune femme fit un gargouillement presque inaudible. Elle n’avait pas mangé de la journée, encore une fois. Une mauvaise habitude qu’elle avait depuis quelques années.

Harsh day… Yeah I guess so. As is any other day.


Spoiler:

La belle brune rouvrit ses yeux, regardant toujours devant elle. Il n’avait pas l’air bien méchant, ce gars-là. Déjà de le voir rendre des gamins assez heureux avec ce pouvoir inhabituel, Rosie pouvait dire qu’il avait un bon fond.

That’s an unusual… Ability, you’ve got there.


Spoiler:

La tête de Rosemarie se tourna vers le cowboy, son regard doré se posant sur ses habits qui semblaient prêt pour l’action. Il fallait dire qu’ils étaient à West Haven et que même s’ils étaient dans un parc, ils pouvaient se faire attaquer n’importe quand. Mais bon, même si Rosie voulait se protéger, elle n’avait pas le matériel nécessaire… De toute façon, la plupart des délinquants savaient qu’elle travaillait pour les Yakuzas. Même si elle était au bas de l’échelle, ils ne risqueraient jamais de s’attaquer à l’un d’eux. Pas sans peur de représailles.

Rosie déposa une main sur son ventre qui se mit à gargouiller de plus en plus et à lui faire presque mal. Elle n’aimait pas demander de la nourriture à quelqu’un, ça lui faisait rappeler le temps ou il fallait qu’elle vole les épiceries pour pouvoir se nourrir, mais dans son cas… Les joues de la belle rougirent un peu sous l’effet de la gêne.

Do you…. Do you think I could… Have one too ?


Spoiler:

La réponse à sa question ressemblait à une blague, mais en même temps, Rosie n’était pas certaine. Non, elle n’avait jamais vu quelqu’un qui pouvait transformer n’importe quoi en pain. Est-ce qu’il se foutait de sa gueule ? Probablement pas, c’était surement elle qui… s’offusquait pour rien.

Et alors que l’encapuchonnée allait répondre à l’homme à ses cotés, il se mit à… Lui parler de ses yeux. Ses yeux dorés aux pupilles verticales qui lui faisaient si peur. Et pas juste à elle, mais aux autres. Si sa bouche était couverte, ses yeux étaient le centre de l’attention des gens.

Mais lui… Il avait fait une pick-up line digne des années 1980,, il y a de cela 70 ans, sauf que… En mentionnant son père, des images lui passèrent à la vitesse de l’éclair devant les yeux. Des images de son père qui la battaient, des images de son père qui faisait ses expériences, qui ramenaient des personnes chez eux pour qu’ils n’en ressortent plus jamais. Rosemarie n’avait jamais compris comment il faisait pour cacher tous ces corps. Tous ces cadavres. Toutes ces pauvres personnes qui n’avaient servies que d’expériences scientifiques…

La jeune enfant n’avait jamais eu le droit d’aller au sous-sol. Alors la porte blanche qui menait à celui-ci fut aussi dans les images vives qui prenaient place dans son esprit. Elle n’entendait plus le cowboy parler, ses yeux fixant le vide.

Puis tout revint, clignant des yeux quelques fois. Il répondit encore à sa question, cette fois, lui disant qu’elle n’avait qu’à lui apporter une roche. Sinon, la seule autre chose qu’elle avait sur elle, c’était son cellulaire à l’écran brisé et… Même s’il ne lui servait pas mal que pour avoir l’heure et pour contacter, rarement, ses deux nouvelles amies, elle voulait le garder. Alors le regard d’or de la belle brune chercha une roche aux alentours et, étant chanceuse, en trouva une pas trop loin de leur banc.

La jeune femme déplia ses jambes, se leva et pris quelques secondes pour s’étirer avant d’aller chercher la roche qui devait être la grosseur d’une boule de billard. Lentement, prenant son temps, Rosie rapporta la roche au cowboy en s’assoyant sur le banc et en fixant celle-ci pour quelques secondes. Comme si elle cherchait quelconque truc qui faisait que cet homme était capable de faire une transformation comme celle-là.

Here.


Spoiler:

La belle aux cheveux de nuit s’assit en indien, face à l’étranger, tendant la main devant elle pour lui donner la roche. Elle était très curieuse de voir comment ce pouvoir fonctionnait. Elle n’avait jamais entendu parler d’une telle habilité. Les yeux dorés de Rosemarie fixaient ceux de son interlocuteur. Son ventre fit un autre bruit d’enfer. C’était un peu gênant, oui, mais bon…

Rosemarie ne répondit pas l’étranger surnommé Micah, prouvant, en même temps, le point de celui-ci qu’elle n’était, en effet, pas quelqu’un qui parlait beaucoup. Pas quand elle avait faim, en tout cas. Et maintenant que sa vue n’était centrée que sur la roche qu’il avait dans sa main et qu’il lançait, Non, en effet, elle n’était pas très bavarde.

Et alors qu’il semblait prêt à faire sa ‘’transformation’’ ou peu importe ce qu’il faisait…. Rien. Rien n’arrivait. Fronçant les sourcils, Rosie sentit son ventre faire encore du bruit avec ses gargouillements qui devenait un peu douloureux. Est-ce qu’il lui jouait un tour ? Est-ce qu’elle avait mal vu ? Est-ce qu’il se foutait de sa gueule ?

Les yeux dorés de la jeune femme fixèrent ceux de Micah, puis, il lui fit un sourire en lui disant qu’il lui faisait une blague, transformant la pierre poussiéreuse en brioche. Rosemarie cligna des yeux quelques fois, prenant celle-ci dans ses mains. C’était si étrange comme pouvoir. La belle brune en était jalouse, presque. Si elle avait pu avoir ça, au lieu de sa bouche….

Se relevant, elle déchira la brioche chaude en deux, comme si elle ne croyait pas que c’était réel, mais… Non, la roche qu’elle avait dans les mains, quelques minutes plus tôt, était belle et bien devenue une brioche. Rosie se rassit aux cotés de Micah, un peu plus proche sur le banc. Ses yeux fixaient la brioche et elle se sentait saliver, mais venait le problème de… Sa bouche.

Il arracha la belle brune de ses pensées en lui demandant son nom. Rosie le regarda, gênée de ne pas lui avoir répondue plus tôt.

My… My name is Rosemarie. I come here when I need to… Think about stuff.


Spoiler:

Son ventre fit un autre gargouillement sonore et douloureux. Elle ne pouvait pas ne pas manger cette brioche. Rosemarie pris une grande respiration, regardant l dessert chaud dans ses mains.

A-and… Please don’t scream… Or panic… Please.


Spoiler:

La jeune femme pris la brioche dans une seule main, utilisant son autre pour baisser doucement le voile sur son visage, révélant au grand jour sa mâchoire mutée. Terriblement gênée et mal à l’aise de montrer sa bouche à Micah, la jeune femme n’osait pas le regarder dans les yeux. Sans attendre plus, la jeune femme commença manger la brioche, doucement, prenant des ‘’petites’’ bouchées pour elle. Plus comme des bouchées normales pour un être humain avec une dentition non-mutée. La chaleur et le gout envahissaient sa bouche. C’était très bon. Elle pouvait sentir la brioche descendre dans son œsophage. Son ventre, heureux d’avoir de la nourriture à digérer, arrêta de lui faire mal après quelques secondes. Ce n’était pas grand chose, mais c’était déjà mieux que rien.

Elle en avait même oublié l’existence de Micah, faisant un long soupir de satisfaction. Ne pas manger de la journée, ce n’était pas une très bonne idée, en y repensant…