Daphnée c’est une femme, une dure, un vraie. Une rousse qui te fera comprendre que, si, les brunes comptent pour des prunes et que les blondes ne sont pas mieux non plus.  Elle hurle, elle mord, elle griffe, elle jure comme un charretier et elle se fiche bien de ce qu’on peut penser d’elle.  Bitch please, quand on a la beauté et l’intelligence, l’avis des autres importe autant que la bave du crapaud à une blanche colombe. Puis si t’es pas content, vient lui dire en face, qu’elle te défonce.  

Daphnée, elle aime le sarcasme comme personne et elle a la rancune facile. Alors peut-être que quand tu la feras chier tu auras droit à un joli sourire, mais à ta place, je ferai gaffe à mes fesses pour les trente années suivantes. Au bas mot.
Après, Daphnée ne se résume pas qu’à une enragée prête à sauter à la gorge de tout ce qui lui déplait et heureusement pour vous d’ailleurs ! Pour ceux qui la connaissent, la jeune femme est quelqu’un qui respire la joie de vivre, souvent de bonne humeur et qui aime chantonner en faisant tout et n’importe quoi. Bon c’est vrai que le tableau est un peu noirci par sa fâcheuse tendance à sortir les crocs plutôt facilement et à mordre tout ce qui bouge, mais personne n’est parfait !

Daphnée, c’est aussi le genre de fille qui va te défier trente fois jusqu’à finir par remporter la victoire de manière écrasante. Elle a l’esprit de compétition. Un peu trop même, parfois. Et elle aime beaucoup trop se dépenser pour être quelqu’un de tout à fait normal dans sa tête. Rends-toi compte ! Elle aime… le sport. Oui, oui, ces gens-là existent. Mais elle n’aime le sport que quand il y a compétition. La majorité du temps, elle roule d’un canapé à un autre, mais donne-lui l’occasion de te défoncer à la course et la larve qu’elle peut être se transforme en pitbull bien décidé à donner un coup de dents pour gagner. Et pas toujours de manière très fair-play. Dans sa vie, elle n’a qu’un mantra : joue, gagne et si tu perds, triche. Le problème c’est qu’elle aime presqu’autant tricher que la compétition alors parfois on se perd un peu dans ce qu’était réellement l’objectif de base.

Daphnée, elle est assez égoïste, mais elle part du principe que ne penser qu’à soi, c’est vouloir survivre, surtout depuis que tous ces supers ont débarqués. C’est peut-être bien beau tous ces gens  avec des pouvoirs mais on a l’impression que les emmerdes les suivent à la trace. Du coup, si penser à sauver son cul avant de sauver celui des autres est considéré comme égoïste, Daphnée est on ne peut plus de la team « chacun pour soi et Dieu pour tous ».

Elle aime la provoc’ aussi, la rouquine. Elle n’a pas sa langue dans sa poche, un répertoire de jurons à faire rougir une pucelle qu’elle s’évertue à utiliser surtout en la présence des celles-ci  et,  c’est vrai que parfois on a l’impression qui rien ne l’arrête, mais faut pas faire gaffe à ça ! Sous ses dehors de pétasse de choc, elle cache une trouille totale : l’air de rien cette histoire de supers héros et vilains, ça la fait flipper un max. Elle trouve ça malsain qu’il y ait tout ce marchandising autour d’eux alors qu’ils pourraient tuer la moitié de la population de la ville d’un claquement de doigts. En vrai, elle le supporterait peut-être bien si les citoyens n’étaient pas parfois un peu pris en otages au milieu des conflits entre vilains et héros. Puis peut-être qu’elle le supporterait beaucoup mieux si elle-même n’était pas aussi humainement et affreusement banale alors qu’eux, ils sont absolument tous extraordinaires et qu’elle n’a absolument aucune chance de gagner contre eux. Mais ça, plutôt crever que de l’avouer.

Daphnée, elle n’est pas particulièrement jolie ou particulièrement moche, mais elle se trouve canon juste comme elle est. Déjà, elle adore ses cheveux. Bon ok, à sept ans quand on se moquait de la « rousse qui pue », elle les aimait un peu moins, mais depuis elle s’est rendue compte que personne ne peut la louper et qu’une rousse canon c’est toujours mieux qu’une brune moche. Puis elle adore ses reflets dorés quand le soleil donne sur sa chevelure. Le seul truc c’est qu’elle a une fâcheuse tendance à les négliger. Un coup de brosse vite-fait, un  vague truc qui ressemble à un chignon et c’est bon pour elle. Sauf qu’eux, ils aiment moins, surtout quand vient l’épreuve fatidique de la brosse versus les nœuds.  

Après, elle est comme tout le monde, une tête, deux bras, deux jambes, un petit bourrelet qui apparaît parfois au-dessus de son jean et qui l’emmerde vachement. Le seul truc qui lui tape parfois un peu sur les nerfs, c’est ses seins. En soi, rien de dramatique, elle les trouve cools et on lui en a déjà dit beaucoup de bien, mais parfois, juste de temps en temps, elle aussi elle aimerait bien pouvoir mettre une jolie brassière en dentelle sans que l’effet de l’apesanteur la rappelle à l’ordre.

Niveau vestimentaire, du moment que ça lui va bien, elle n’a pas de style bien particulier : elle aime passer de la jolie robe de soirée au jogging confortable. Son seul véritable amour en mode, ça serait les chaussures. Des escarpins, des baskets, de bottes, des bleues, des rouges, des noires : il faut toutes les avoir ! Et qu’importe si son portefeuille lui fait la gueule, les chaussures et elle, c’est une grande histoire d’amour ! Sauf peut-être quand elle se casse la figure en se prenant les pieds dans ses lacets.

Sinon elle a un tatouage aussi, au niveau de la bande du soutien-gorge pour être certaine que personne, ou presque, ne puisse jamais le voir. Surtout sa mère en fait, elle risquerait de faire une attaque face à sa "délinquante" de fille. En vrai, aussi bête cela puisse-t-il paraitre, c'est en hommage à son chien qu'elle se l'est fait faire, parce qu'elle l'aimait au-delà de tout. Et Dieu sait que ça lui en a coûté vu à quel point elle hait les aiguilles, ces espèces de petites connasses vicieuses !

Tout a commencé un beau matin d'octobre alors qu'il pleuvait à cordes et que madame Fawkes en était déjà à dix heures de travail sans que Daphnée ne daigne pointer le bout de son nez. Comment vous dire que ça ne partait pas bien de base, entre monsieur Fawkes qui s'extasiait devant chaque nouvelle contraction, sa femme avait plutôt des envies de meurtres envers son mari et son futur rejeton. Dix heures sans boire une goutte à cause de cette fichue péridurale, son imbécile de mari qui trouvait tout ça "formidaaaaaable", sa descendance qui refusait de sortir et l'anesthésiste qui s'était pris les pieds dans tous les fils auxquels elle était reliée... Ah il commençait bien le "plus beau jour de sa vie" ! Elle n'avait qu'une envie, c'était de donner une baffe au prochain qui lui sortirait encore "Poussez, mais poussez enfin !", comme si c'était si facile.
Enfin, après encore deux heures qui semblèrent interminables, Daphnée arriva enfin sur sa maman qui poussa un soupir de soulagement. Si seulement elle avait su à quel point les emmerdes n'allaient pas tarder à arriver...

Trois ans déjà. Trois que Daphnée, ou plutôt "le morpion" comme aime l'appeler sa mère, si affectueusement, est arrivée. Et bordel, tout cela n'a pas été facile ! C'est qu'elle aime courir la sale gosse, et pas qu'un peu ! Et vas-y que je chahute dans la cuisine, et vas-y que je fonce vers la petite vieille et que maman doit s'excuser devant un grand-mère outragée par la comportement d'une gamine. L'angoisse totale. Mais bon, elle l'aime quand même un peu sa naine rousse. Surtout quand elle fait des langues aux connasses de mamies outrées. Encore plus quand il s'agit de sa belle-mère. Pas plus tard qu'avant-hier, elle a sorti un magnifique "oh arrête d'être casse-couille" à son père et devant la vieille, et rien que pour ça, elle l'aurait embrassé sur la fesse droite. Mais quand sa grand-mère l'a réprimandé, que Daphnée a répondu que tout le monde le disait en classe, que la bique sénile lui a demandé qui donc enseignait de tels vilains mots à des enfants en si bas âge et que son petit ange roux a fièrement répondu "ben moi", elle aurait bien embrassé sa fesse gauche aussi devant la crise d'apoplexie qu'a fait le fossile décrépit. C'est qu'elle ne l'aime pas beaucoup sa belle-mère. Et visiblement, Daphnée suit la tradition familiale. Brave petite.

Notre gamine nationale est donc née dans une famille de gens pas tout seuls dans leur tête mais dans une famille de gens aimants. Une mère givrée mais ô combien adorable, un papa gâteau et parfois un peu gâteux sur les bord, et une mère-grand acariâtre mais en pâmoison devant sa petite-fille. Une enfance plutôt heureuse en somme, avec tout ce dont une petite fille choyée peut rêver. Des parents terriblement amoureux l'un de l'autre pour une obscure raison, un coffre à jouet avec des poupées super, toutes plus fantastiques les unes que les autres, et puis Rainbow, superbe bouvier bernois ayant un jour sournoisement été peinturluré par la charmante petite fille, remplaçant donc son nom – d'une banalité affligeante, Sammy – par un autre nom non moins affligeant mais peut-être plus amusant.

Après cela, vint la période ingrate. L'adolescence. Période à la fois bénie et maudite de la vie, celle où apparaissent les hormones, où les seins poussent enfin et où vous avez l'impression d'être constamment au printemps grâce à la multitude de boutons sur votre charmant faciès qui vous vaudront peut-être le non-moins charmant surnom de calculatrice. En somme, la période la plus salope de l'histoire. Période qui aurait pu être plus cool si vos adorables parents n'avaient pas soudainement décidé de déménager dans une ville cheloue "New Heaven, sous prétexte que "le futur s'écrit là-bas". Un futur royalement emmerdant tout même quand on y pense. Quoi qu'il en soit c'est comme ça que Daphnée débarqua à New Heaven, des boutons pleins la tête et une tête de moins qu'aujourd'hui, le bonheur.

Tout aurait pu continuer dans cette voie, à savoir une existence des plus banales mais sympa, si, alors qu'elle rentrait à l'université pour sa première année, un gros con en justaucorps et collants de danseur n'avait pas décidé que son père serait au mauvais endroit au mauvais moment. En vrai, elle ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé, mais toujours est-il qu'un jour elle était rentrée de l'école pour trouver sa mère écroulée et son père disparu avec son chien. Et ça, c'est tout simplement inacceptable aux yeux de la jeune fille. Alors depuis, elle peut un peu moins les blairer qu'avant. Déjà qu'ils lui fichaient pas mal la trouille quand ils ne s'en prenaient pas aux honnêtes citoyens et aux pauvres canidés, maintenant elle a des envies de meurtres dès qu'elle voit un semblant de cape. Depuis elle est un peu partie en vrille et elle a plaqué ses études, mais elle peut se targuer de boire ses bières comme personne. Par contre, qu'on soit bien clairs, le prochain super qu'elle voit, elle le mord à mort !